Les rues du bourg de Tongli ont conserv茅 leur physionomie d鈥檃ntan. En flânant dans celle qui longe la rivi貓re, vous passeriez peut-錨tre devant une de ces vieilles femmes assises devant sa porte ; ses l貓vres remuent comme si elle marmonnait quelque chose : vous avez cru entendre votre nom d鈥檈nfance...A ce moment-l脿, vous avez l鈥檌mpression d鈥櫭猼re revenu dans la maison maternelle. Pensez 脿 l鈥檜n de vos vieux amis de Tongli -- Liu Yazi ou Chen Qubing ou encore Fan Yanqiao --, et imaginez que vous 錨tes venu pour lui rendre visite ou qu鈥檌l va venir vous voir, ici, 脿 Tongli.
(A vrai dire, ce qui compte, ce n鈥檈st pas de savoir si vous pouvez le rencontrer ni m錨me de savoir si vous vous souvenez encore de lui.) Debout sur le pont, vous contemplez la rivi貓re qui coule et les silhouettes des jonques qui se d茅coupent sur l鈥檋orizon et votre regard se porte sur les rues du petit bourg et sur le visage am貓ne des passants, sur les vieilles maisons et les arbres centenaires, puis sur un autre pont d鈥檕霉 quelqu鈥檜n admire aussi le paysage. Ici, c鈥檈st par le coeur que l鈥檕n comprend le paysage. Vous pouvez engager une conversation avec un ami ou avec un passant, voire avec vous-m錨me. Sans entr茅e en mati貓res ni conclusion, sans question ni r茅ponse. Dites quelque chose ou bien 茅coutez ce qu鈥檕n dit. (Ce qui compte, ce n鈥檈st pas de savoir si c鈥檈st juste ou faux ni non plus de savoir si vous avez retenu ou oubli茅 quelque chose.) Ne vous souciez pas de ce que les autres peuvent en penser. Et ne craignez pas qu鈥檌ls puissent deviner ce qui vous tourmente. Soyez calme et serein : 茅gal 脿 vous-m錨me. Ici, vous n鈥檃vez pas besoin d鈥檡 regarder 脿 deux fois. Le mot " flâner ", il appartient aussi 脿 Tongli.
Ces souvenirs de notre s茅jour 脿 Tongli se sont grav茅s dans notre coeur.
Dans les villes o霉 nous sommes n茅s, les citadins sont pris dans le tourbillon de la vie quotidienne. On cr茅e et on construit. C鈥檈st une entreprise de longue haleine.
Il n鈥檡 a gu貓re de place pour l鈥檕isivet茅. Lev茅 tôt le matin, on rentre tard le soir. On doit aussi s鈥檕ccuper des enfants et des parents âg茅s. C鈥檈st ainsi que s鈥櫭ゞr貓nent les jours. Pourtant la vie de manque pas de saveur.
Mais un beau jour, on finit par se sentir fatigu茅. Sans savoir pourquoi. C鈥檈st 脿 ce moment-l脿 que je me suis souvenu de mon s茅jour 脿 Tongli. Tel un navire longtemps battu par les flots, j鈥檃rrivais enfin en vue de mon port d鈥檃ttache.
Maintenant nous allons nous rendre 脿 Wuzhen, une bourgade connue pour sa longue galerie. Pei Xiupei, premier ministre sous la dynastie des Tang, aimait s鈥檡 pr茅lasser. Assis sur une chaise de rotin, il pouvait contempler le panorama sans s鈥檈xposer aux rayons du soleil. Il y d茅clamait des vers ou y faisait de la peinture, sans oublier de temps 脿 autre de boire une gorg茅e de th茅 ou d鈥檃lcool de riz. Et quand le coeur lui en disait, ils s鈥檃musait 脿 faire des jeux de mots :
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