C鈥櫭﹖ait la 2e Ann茅e du r貓gne de Shaoding sous la dynastie des Song du Sud. Par un matin lumineux, Li Shoupeng, le pr茅fet de Suzhou, convoque ses coll貓gues dans une r茅union. Apr貓s un pr茅ambule routinier qu鈥 «un gouverneur local se doit 脿 apporter le bonheur 脿 son peuple», il entre dans le vif du sujet : il s鈥檃git d鈥櫭﹖ablir un plan de la ville de Suzhou. A l鈥檌nstigation de leur chef, les participants de la r茅union, qui sont pour la plus part des rats de biblioth貓que, sont oblig茅s de sortir de leur cabinet et passent la ville 脿 peigne fin. Ils notent fid貓lement ce qu鈥檌ls voient et le font graver sur une grande st貓le. Ainsi est n茅 le premier plan de la ville, intitul茅 Tableau de Pingjiang.
Sur ce plan figurent les rues et le r茅seau de canaux, ainsi que les principaux constructions et monuments diss茅min茅s dans la ville. Les art貓res et les ruelles, tissus en bon ordre, restent grosso modo identiques 脿 celles d鈥檃ujourd鈥檋ui, m錨me les noms de certaines rues sont encore en usage.
Face au Tableau de Pingjiang l鈥檋istorien Gu Jigang ne cache pas son admiration: «Suzhou poss茅dait 脿 l鈥櫭﹑oque la meilleure infrastructure municipale du monde. Le r茅seau de canaux facilitait le transport et le lavage 脿 l鈥檌nt茅rieur comme 脿 l鈥檈xt茅rieur de la ville. Les rues 茅taient pav茅es de cailloux et les pi茅tons avaient les pieds secs sous la pluie. On pr茅tend que « les femmes gardaient toujours leurs chaussures en satin rouge brod茅 les jours pluvieux.»
Voici une des ruelles pav茅es, dans la ville de Suzhou.
Il existe un po貓me qui chante la beaut茅 de ces ruelles :
« A l鈥檈ntr茅e de la ruelle, chant des loriots,
Sur la rivi貓re de Pie, de la glace 脿 flots;
Partout sur les ondes couleur d鈥櫭﹎eraude,
arquent les ponts de balustrades rouges.»
Une d鈥檈ntre elles a inspir茅 les vers de Dai Wangshu, po貓te moderne :
«Avec un parapluie en papier huil茅, seul, je d茅ambule dans une longue et longue ruelle solitaire, sous la pluie et j鈥檈sp貓re rencontrer une jeune fille triste, aussi triste qu鈥檜ne fleur de lilas... »
La ruelle aux Lilas est typique de ses mille semblables. Elle se situe entre la rue Pingjiang 脿 l鈥檕uest, et la rue Zhicang 脿 l鈥檈st, et parall貓le au nord 脿 la ruelle Zhongzhangjia, au sud 脿 celle de Daliuzhi.
On se demande quel heureux hasard a parachut茅 notre po貓te dans cette vielle ruelle pav茅e de pierre. Quelqu鈥檜n a eu l鈥檌d茅e d鈥檃ller chercher les indices d鈥檃ntan. Pourtant, partout dans cette ville r貓gne une ambiance propre 脿 une telle sensibilit茅 po茅tique. En ce sens Suzhou est unique.
C鈥檈st toujours cette m錨me ruelle envelopp茅e de brume vaporeuse, de bruits de la pluie et de cris de vendeurs des fleurs d鈥檃bricotier, qui insuffle un souffle 脿 ces vers si lyriques et naturels :
«Sous le voile de l鈥檈au et de la brume, la capitale des Wu a ses portiques 脿 flots sur les ondes vertes.A l鈥檕mbre des saules, les ruelles paraissent plus profondes,tandis que les bateaux semblent naviguer dans une peinture bleue.Derri貓re les portes pourpres, s鈥檃brite une myriade de chambres.Au-del脿 des parapets rouges, s鈥櫭﹔igent des centaines de pavillons.»
Vers de style relev茅, qui savent pourtant rester mondains, avec une 茅l茅gance qui dissimule sa richesse et sa fraîcheur dans un silence profond.
Et cette fraîcheur vient des ruelles calmes de la ville: paves de cailloux, murs hauts de pignon, cours profondes derri貓re les portes encadr茅es de pierre.
Elle provient aussi des livres antiques 茅dit茅s sous les Song, des c茅ladons sorties du four des Ming et des Qing; elle erre dans les chants rythmiques et la flûte de l鈥檕p茅ra Kunqu, plane dans les jardins de Suzhou, chefs d鈥 #339;uvre de l鈥檃rt architectural.
Yu Qiuyu 茅crit : Il y a quelques ann茅es, les Etats-Unis venaient de c茅l茅brer leur double centenaire, et 脿 la c茅r茅monie inaugurant les jeux Olympiques de Los Angeles, ont 茅t茅 f錨t茅s en grande pompe leurs deux cents ans de l鈥檋istoire. Il en est de m錨me pour l鈥橝ustralie qui, 脿 cette occasion a organis茅 une 茅mouvante course de voiles. Par une heureuse coïncidence, la ville de Suzhou a pass茅 sous silence son 2 500e Anniversaire. 2 500, c鈥檈st un chiffre vertigineux aux côt茅s des deux pr茅c茅dents. Le soir venu, ses habitants traversaient les rues anciennes de 2 500 ans pour rentrer chez eux, (l脿 ils regardaient la transmission de t茅l茅 am茅ricaine et australienne.) Dehors, les remparts couverts de glycines et la colline du Tigre s鈥檈stompaient dans les t茅n貓bres.
|