Dossier
Zhongguancun, comme son nom l'indique en chinois était un village, aujourd'hui englobé dans Beijing. C'est actuellement le berceau d'une multitude d'entreprises et d'universités, toutes consacrées aux hautes technologies. Dans le cadre de notre série sur les 30 ans de l'Ouverture et de la Réforme, partons à la découverte de la Silicon Valley de la Chine.
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Bouillonnante d'activité. C'est la première impression que donne l'avenue Zhongguancun. Mais non loin de là, dans le calme d'un laboratoire de l'Université Tsinghua, de jeunes étudiants discutent technologie solaire photovoltaïque. He Yuming, est fraîchement sorti 3e d'un concours de création de start-up pour les étudiants universitaires du pays.
Ye Yuming, étudiant
Université Tsinghua
"La Chine est en retard par rapport à d'autres pays pour ce qui est de l'énergie solaire. Je pense que la technologie photovoltaïque nous aidera à briser le monopole détenu par les entreprises étrangères dans ce domaine. Deuxièmement, je pense que l'énergie solaire a un fort potentiel, spécialement en Chine. Ca pourrait être la poule aux oeufs d'or. Voilà les raisons pour lesquelles j'ai élaboré ce business plan."
Un plan qui a provoqué l'enthousiasme d'un professeur qui travaille dans le domaine depuis plus de 10 ans. Mais les scientifiques ont parfois du mal à transformer une découverte en une industrie profitable. L'ancien leader chinois Deng Xiaoping considérait la technologie comme un moteur de la productivité. Mais une question demeure, celle de l'application commerciale des découvertes.
Eparpillées dans tout Zhongguancun et dans les quartiers attenants, on trouve l'Académie des Sciences de Chine et 39 universités de pointe. Selon un calcul rapide on s'aperçoit que près de 500 mille scientifiques, techniciens et étudiants habitent la zone, en faisant l'une des plus attractives du pays. Une telle concentration de talents a fait la réputation de Zhongguancun comme centre de la réforme en matière de technologies.
Mais ça n'a pas toujours été le cas. La première grande réforme a eu lieu en 1980. A cette époque, un grand chercheur de l'Académie des Sciences de Chine, Chen Chunxian, a ouvert la première compagnie privée high-tech à Zhongguancun, une prouesse pour l'époque. Et celà fait aujourd'hui 30 ans que Chen Chunxian s'est lancé dans l'aventure. Pour les étudiants les plus jeunes comme Ye Yuming, la question du marketing se pose avec une grande acuité.
Ye Yuming, étudiant
Université Qinghua
"Le gouvernement chinois encourage l'innovation technologique. Mais la plupart des entreprises du pays sont encore faibles dans ce domaine. Je pense que les instituts de recherche comme les universités ont la responsabilité de développer les technologies mais aussi d'en faire la promotion sur le marché. Ca devrait être automatique."
"Après le concours, beaucoup m'ont posé des questions sur les technologies que j'étudie, notamment des professionnels de l'investissement. Je les ai présentés au professeur qui s'y connaît dans ce domaine. Un jour, j'espère que je pourrais avoir ma propre entreprise. Je pense que ma 3e place au concours pourrait tracer la voie de mon avenir."
Pour Ye Yuming, créer une entreprise n'est encore qu'un rêve. Mais pour Feng Jun, c'est désormais une réalité bien tangible et une aventure des plus excitantes.
Feng Jun, président
AIGO
"Nous les chercheurs chinois avons de la chance. Quand je suis sorti de l'université, c'était en 1992, cette année M. Deng Xiaoping a lancé une politique de réforme et d'ouverture de la Chine. A partir de là on a commencé notre entreprise. Avec seulement 200 yuans, ca fait 26 dollars, c'est très peu. Mais notre rêve est d'entrer en bourse donc on doit utiliser de la Recherche et Développement pour trouver de nouveaux clients."
Les premiers produits d'Aigo étaient des sacoches pour ordinateurs entrée-de-gamme. En améliorant sa ligne de produits, la compagnie a pénétré les marchés des cartes-mémoires, des lecteurs de musique et des appareils photos digitaux, jadis dominés par les marques étrangères. Depuis 2005, Aigo a grimpé au top du marché de la carte mémoire en Chine. Cette année a, par ailleurs, vu Aigo devenir la seule marque chinoise à s'éléver dans le top-10 des fabricants d'appareils photo numériques.
Feng Jun
Président
Aigo
"On veut faire de plus en plus de R et D de façon à ce que chaque année on puisse verser 20% aux collègues parce qu'ils travaillent dur et 80% sera réinvesti dans le R et D. Au début à Zhongguancun on pouvait être chercheur ou vendeur dans des usines mais aujourd'hui il y a de plus en plus de compétition. Alors de plus en plus d'entreprises chinoises de Zhongguancun veulent avoir leur marque et exploiter leur propre technologie."
Durant les 30 dernières années, Zhongguancun est devenu le foyer des compagnies high-tech. Chen Chunxian a mis sur pied la première compagnie high-tech privée en 1980. Liu Chuanzhi a fondé le groupe Legend, ancêtre de l'actuel géant du PC, Lenovo. Parmi la deuxième génération, Wang Zhidong a lancé Sina, aujourd'hui un des principaux portails Internet. Et Yang Yuanqing a racheté Lenovo pour en faire une multinationale. Dernière fournée: Li Yanhong, père du moteur de recherche chinois Baidu.
Fengjun fait partie de la 3ème génération d'entrepreneurs de Zhongguancun. Selon lui, la tendance vers la technologie digitale permettra à Aigo d'aiguiser sa compétitivité.
Feng Jun
"Le made in China est très populaire aujourd'hui mais la qualité et les services ne sont pas toujours au rendez-vous. Notre rêve est de créer de la valeur ajoutée dans ce secteur. Une bonne qualité, de bons services avec ces nouvelles technologies pour créer une nouvelle valeur ajoutée."
Ce sont le talent, la technologie et la persévérance qui ont permis à Zhongguancun de vivre son actuelle success story. En 1998, Zhongguancun était la 1ère zone de développement high-tech du pays. Depuis, la Chine a ouvert 53 zones de dévelopement high-tech au niveau national. Mais Zhongguancun reste la plus importante, avec une hausse moyenne du revenu industriel total de 40% par an dans les 20 dernières années... une source de revenu qui contribue également à 18% du PIB de la ville de Beijing. Chapeau la science!
Wang Weisen et Li Hengyong, CCTV.
Rédacteur: Tao Ruogu