Dossier
Réforme et ouverture maintenant. Nous nous interessons à l'extraordinaire développement de l'économie privée en Chine ces trois dernières decennies. Reconnue comme composante indispensable de l'économie de marché en vigueur dans le pays, l'économie privée regroupe aujourd'hui 60% des entreprises du pays. Que de chemin parcouru depuis 30 ans.
M. Huang est l'heureux propriétaire d'une fabrique de porcelaine de taille moyenne, où lui et ses amis travailleurs peignent tous ces beaux vases à la main. Ils les vendent ensuite dans tout le pays et aussi à l'étranger. M. Huang déclare que quand il était plus jeune, il n'aurait jamais rêvé de faire un travail qu'il aime tout en étant propriétaire d'une compagnie.
Huang Yongping
Ciyitang Co.
"Dans les années 70, j'étais professeur dans une école. J'enseignais les maths et la peinture."
La fabrique de M. Huang se situe dans une petite ville appelée Liling dans la province du Hunan, dans le sud de la Chine. Durant les 30 premières années qui ont suivi la fondation de la Nouvelle Chine en 1949, le pays était dominé par une économie étatique. Ceux qui avaient une entreprise privée étaient considérés comme des capitalistes, ce qui était interdit. Mais les choses ont changé en 1978, quand les leaders du Parti ont commencé à réexaminer les structures de la propriété. Quatre ans plus tard, la politique de réforme a progressé à la faveur d'un important amendement à la constitution chinoise. Le secteur privé n'était plus dénoncé comme le diable capitaliste, mais regardé comme un complément nécessaire à l'économie publique.
(Constitution chinoise, article 11 : "L'économie privée ... est un complément à l'économie socialiste publique. L'Etat protège les droits et intérêts légitimes de l'économie privée.")
La politique de réforme a eu des effets immédiats et jusqu'à Liling. En 1982, M. Huang a alors pris une décision qui allait changer sa vie pour toujours. Il a quitté son emploi d'enseignant pour se lancer dans une fabrique de porcelaine.
Huang Yongping
Ciyitang Co.
"Je faisais partie des premiers à se lancer dans le bain du commerce quand j'ai démissionné de mon enviable position de professeur."
Durant les années 80 et 90, des dizaines de milliers d'intellectuels à travers la Chine, typiquement des professeurs d'écoles comme M. Huang, ont quitté leur emploi stable, le fameux "bol de riz en fer" pour réaliser leur rêve de richesse en se jetant dans les affaires.
Du Xiaoshan, professeur
Académie des Sciences sociales de Chine
"Avec le soutien de la politique de réforme, l'économie privée connait une croissance phénoménale durant les années 80. Plus important encore, l'attitude du peuple face aux entrepreneurs a changé. Ils réalisent qu'il n'y a rien de mal à gagner sa vie par un dur labeur."
M. Huang a commencé son petit business en recrutant des travailleurs au chomage après la faillite d'usines d'Etat et en a fait un succès. En fait, l'économie privée est devenue si puissante à Liling qu'elle génère 90% du PIB. Un pourcentage que l'on ne trouve que dans les grandes villes exportatrices des côtes est et sud de la Chine.
Liao Xiangwen, directeur adjoint
"Le gouvernement de Liling reconnait la grande importance de l'économie privée, dans les secteurs de la porcelaine, des feux d'artifice et des valises. Et comme beaucoup prennent pour cible les marchés étrangers, nous faisons de notre mieux pour leur offrir des services de douane aptes à réduire les coûts d'exportation et les formalités."
En 30 ans, l'économie privée est passée de zéro à 10 mille milliards de yuans en 2007, soit 40% du PIB du pays. Un progrès qu'il aurait été impensable d'imaginer à l'époque.
Du Xiaoshan, professeur
Académie des Sciences Sociales de Chine
"Le secteur privé a été initialement reconnu comme un complément à l'économie étatique et aujourd'hui c'est une composante importante de l'économie socialiste de marché. La différence est immense. La politique de réforme et d'ouverture se poursuit et le secteur privé va prendre de plus en plus d'ampleur."
Huang Yongping
Ciyitang Co.
"Mon business c'est ce que je suis, ca montre ma valeur. Mon but est de cultiver la culture de la porcelaine, pas de devenir super-riche. Sans la politique de réforme et d'ouverture je n'aurais jamais pu faire ce que je fais maintenant."
L'histoire de M. Huang est aussi celle de 15 millions d'entrepreneurs privés à travers le pays. La chose la plus remarquable à propos de M. Huang est qu'il a fondé son entreprise dans une petite ville du Hunan, qui est une province agricole. La plupart des talents de la province la quitte pour les lumières de Guangzhou, Shanghai et Beijing. Pas M. Huang, et cette histoire prouve que si c'est possible au Hunan c'est possible partout en Chine.
Wang Weisen, CCTV.
Rédacteur: Tao Ruogu