L’émission d’aujourd’hui sera encore consacrée aux JO de Beijing, mais cette fois-ci, à travers les 5 couleurs des anneaux olympiques.
Le rouge symbolise la culture chinoise, la chaleur et l’harmonie. Le noir représente les souvenirs inoubliables. Le bleu, quant à lui, incarne les rêves et l’esprit de participation. Le jaune est de bon augure et illustre la joie. Enfin, le vert représente la science et la paix.
Sur l’axe central sud-nord de Beijing se situent la vieille Cité interdite et le Stade national, dit "le Nid d’oiseau", flambant neuf. La Cité interdite comprend plus de 9 mille salles, tandis que le Nid d’oiseau peut accueillir plus de 90 mille spectateurs. Le Palais impérial était destiné à très peu de gens, alors que le stade olympique tend les bras à toute la planète.
Le 8 août 2008, le long de l’axe central, 29 empreintes de pas géantes formées par des feux d’artifices illuminent le ciel de Beijing l’une après l’autre, symbolisant un titan marchant de l'ancienne Olympie à la nouvelle Beijing en traversant le temps et l’espace. Quand la dernière empreinte de pas atteint le Nid d’oiseau, des feux d’artifices composant les 5 anneaux olympiques ouvrent un nouveau chapitre dans les annales des JO.
Les Jeux Olympiques teignent en rouge la capitale chinoise. Le rouge est chaleureux sans être aveuglant, enthousiasmant mais non ostentatoire. Il représente pile-poil le respect pour l’olympisme et l’accueil aux athlètes. Sur la scène des Jeux de Beijing, la Chine et le monde en décousent et font leurs preuves. Parallèlement, la culture chinoise et celle du monde s'entremêlent.
Au cours des JO, la phrase « Beijing vous souhaite la bienvenue » revient sans cesse. Les Chinois accueillent chaleureusement les amis des 4 coins du monde, dont beaucoup d’invités spéciaux.
Il y a 30 ans, l’escrimeuse chinoise Luan Jujie s'est fait connaître aux yeux de tous. Et en 2008, elle ébranle à nouveau le monde.
En 1978, Luan Jujie, âgée de 20 ans, participe aux Championnats du Monde d’Escrime Junior en Espagne. Lors de la demi-finale, l’épée de son adversaire se casse fortuitement et perce son bras. Malgré sa blessure, Luan Jujie persiste et bat son adversaire, ce qui est considéré comme un miracle. A l’occasion de ces Championnats du Monde Junior, elle finit par gagner une médaille d’argent et le milieu de l’escrime international garde dès lors en mémoire cette intrépide Chinoise. Grâce à un article consacré à ses exploits, le nom de Luan Jujie se répand à travers la Chine et elle devient un modèle pour les Chinois.
En 1984, Luan Jujie remporte la première médaille d’or olympique de la Chine en escrime.
Le 11 août 2008, Luan Jujie entre dans la Salle de tir de Beijing et représente le Canada. Elle est chaleureusement accueillie par les spectateurs chinois, qui l’encouragent en scandant son nom. Personne ne l'a oubliée malgré sa longue absence, et nul n'est surpris qu’elle représente un pays étranger. On est pourtant ému par cette escrimeuse qui fête ses 50 ans mais a toujours l’audace de se montrer dans l’arène olympique. On applaudit son courage et on jouit avec elle de la joie qu’apportent les JO.
Le 15 août 2008, de vifs applaudissements retentissent dans le Palais national omnisports. Avec 63,325 points, la gymnaste américaine Nastia Liukin est couronnée championne olympique du concours général individuel et sa coéquipière Shawn Johnson repart avec l’argent. Parmi ceux qui les acclament, un Chinois laisse apparaître un sourire radieux. Il s’agit de l’entraîneur des deux médaillées américaines, Qiao Liang.
Qiao Liang est originaire de Beijing. Il a commencé à pratiquer la gymnastique à l’âge de 5 ans et était membre principal de l’équipe nationale dans les années 1980. Après sa retraite, il a fait ses études aux Etats-Unis, puis fondé une école de gym et de danse. C’est lui qui a découvert et formé Shawn Johnson, ce qui lui vaut le poste d’entraîneur principal de l’équipe féminine américaine de gymnastique.
C’est la première fois que Qiao Liang rentre en Chine depuis qu’il est parti pour les Etats-Unis il y a 14 ans. Son équipe et lui-même visent certainement les médailles d’or. Ils sont considérés comme les adversaires les plus menaçants de l’équipe chinoise.
La compétition de gymnastique est aussi acharnée qu’on l’imagine. Les gymnastes des deux côtés ne font guère d’erreurs. Les Américaines hypnotisent les spectateurs par la perfection de leur prestation. Les gymnastes chinoises les applaudissent également. Qiao Liang, très tactile, ne peut se retenir de les embrasser. L’affection entre l’entraîneur à la peau jaune et les membres aux yeux bleus touche les spectateurs, qui acclament leur succès sincèrement.
Nastia Liukin et Shawn Johnson exécutent de très bonnes prestations, ce qui leur vaut des acclamations et applaudissements prolongés, comme c'était une compétition à domicile.
Qiao Liang, entraîneur, Equipe américaine de gymnastique
Les spectateurs chinois sont très gentils. Ils n’encouragent pas seulement l’équipe chinoise. Ils acclament toutes les gymnastes.
Après une absence de 14 ans, Qiao Liang constate non seulement les grands changements de Beijing, mais aussi l’amélioration de l’état d’esprit des Chinois.
Qiao Liang, entraîneur, Equipe américaine de gymnastique
Ils sont vraiment sympas. Nombreux sont ceux qui me saluent : « bonjour, Monsieur Qiao ». Je suis très content d’être rentré dans mon pays natal.
12 août 2008, le sabreur chinois Zhong Man est couronné champion olympique en battant le Français Nicolas Lopez. Il est le premier Chinois, dans la catégorie hommes, à remporter une médaille d’or olympique à l’escrime. Tout le stade est en ébullition. Le lendemain, les médias français emploient un titre extraordinaire: le Français bat le Français. Parce que l’entraîneur de Zhong Man n’est autre que le Français Christian Bauer.
Depuis 1992, les disciples de Christian Bauer ne quittent pas le podium olympique. Il mène à la médaille d'argent par équipe les sabreurs français et italiens respectivement à Sydney et Athènes, mais aussi Aldo Montano à l'or en Grèce en individuel.
En 2006, le contrat entre Bauer et l’Italie arrive à son terme. L’équipe chinoise d’escrime saisit cette occasion et lui envoie une invitation pour qu’il entraîne les sabreurs chinois. Bauer donne son accord avec plaisir, mais les médias français font la moue, persuadés que le poste offrira peu de possibilités à Bauer de montrer ses compétences.
Avec son concept « jouir de l’escrime», Bauer dynamise l’équipe chinoise. Les escrimeurs chinois l’aiment profondément et l’appellent cordialement « Lao Bao ».
Lorsque Lao Bao fait ses premiers pas en Chine, Zhong Man n’est pas le meilleur. Lors d’un match international, sa prestation est médiocre à cause du manque de concentration. Bauer se renfrogne et lui dit d’un ton glacial: « Rentre dans le Jiangsu. Ne reste pas dans l’équipe nationale ». Le Français n’a jamais été aussi sérieux. Zhong Man, affolé, téléphone immédiatement à son mentor Zhang Shuangxi pour un coup de main. Mais selon ce dernier, si Lao Bao a dit ces mots, c’est qu’il veut stimuler Zhong Man en titillant son amour-propre.
La méthode produit son effet. Zhong Man ne déçoit pas les attentes de Bauer. Il joute de mieux en mieux dans les compétitions suivantes et réussit à occuper le 9e rang mondial avant les Jeux Olympiques de Beijing. Quant à la médaille d’or olympique, n’est-ce pas le meilleur cadeau que Zhong Man doit à Bauer ?
Alors que les athlètes internationaux se disputent les médailles sur la scène des JO de Beijing, les spectateurs chinois illustrent à merveille leur mentalité et le fait que la civilisation chinoise a franchi l’épreuve mondiale.