Edition spéciale: parcours olympique de la Chine 

Source: | 08-05-2008 16:28

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Depuis plus d’un siècle, la Chine et les Jeux Olympiques modernes entretiennent de nombreux liens. Par exemple, en 1896, le Comité international olympique a invité la Chine à participer aux premiers JO. Cette dernière, souffrant de troubles intérieurs et d’invasion étrangère, n’a pas eu d’autre choix que de décliner l’invitation. Le temps est passé et à présent, les succès de la Chine sur la scène sportive internationale sont vraiment spectaculaires. Ce dont les Chinois sont le plus fiers, c’est que Beijing a été élue ville hôte des 29e JO. En attendant le grand événement avec impatience, nous vous proposons aujourd’hui une rétrospective du parcours olympique de la Chine.

Extrait du film Fearless

Célèbre maître de kungfu et patriote, Huo Yuanjia est connu pour avoir successivement battu des hercules occidentaux à Tianjin et à Shanghai, des exploits qui ont rehaussé le moral des Chinois. Il est aussi célèbre pour avoir établi l’Ecole de kungfu Jingwu. En 1896, l'année où les premières olympiades modernes ont lieu en Grèce, Huo Yuanjia reconnaît Liu Zhensheng pour disciple. Ce choix contribue à briser les barrières qui existaient alors entre les différents clans familiaux et à rapprocher le kungfu de davantage de Chinois.

C'est à cette époque-là aussi que les sports modernes occidentaux se répandent les uns après les autres en Chine. En butte à de perpétuelles humiliations, c'est en effet au moyen du sport que les Chinois ont voulu développer leur force physique, restaurer leur confiance et se débarrasser du surnom d' «homme malade de l'Asie». Des motivations qui se rapprochent des intentions premières de Pierre de Coubertin.

Il faut attendre l'année 1922 et l'élection de Wang Zhengting comme membre du Comité international olympique pour que la Chine entre en relation directe avec les Jeux Olympiques. En 1932, les JO de Los Angeles rassemblent plus de 1 300 athlètes venus de 37 pays. La délégation chinoise ne compte alors qu’un seul membre : Liu Changchun. Il participe aux 100 mètres et 200 mètres mais est vite éliminé. Malgré cet échec, son nom reste inscrit dans les annales, en tant que premier Chinois à avoir participé aux JO.

4 ans plus tard, malgré de fortes pressions politiques, la Chine envoie 69 athlètes aux 10ème Jeux Olympiques, mais ne récolte aucun titre. Le chaos incessant des guerres et une économie très en retard, expliquent que le sport de compétition chinois ne se soit pas bien développé et accuse alors un retard considérable par rapport au niveau mondial. Il faut bien reconnaître que si l’apparition de la Chine dans l’arène olympique est un événement important, les Chinois ont d'abord été plus déçus que contents.

Fondée en 1949, la République populaire de Chine souhaite montrer au monde le nouvel esprit et le dynamisme qui la caractérisent et désire donc vivement participer aux Jeux Olympiques. Elle rencontre toutefois bien des difficultés et des vicissitudes avant de pouvoir réaliser ses aspirations.

Le maréchal He Long a accompli des exploits militaires éclatants et joué un rôle important dans le sport en Chine. Après la fondation de la République populaire de Chine, il est en effet nommé au poste de premier président de la Commission d’Etat pour la Culture physique et les Sports. Une nommination qui reflète la détermination de la nouvelle Chine pour développer le sport. Au début de 1952, la Chine soumet au CIO une demande de participation aux 15ème Jeux Olympiques. A cause de l’opposition de certains pays occidentaux, quand la délégation chinoise arrive enfin à Helsinki, il ne reste que 5 jours avant la clôture des Jeux et la plupart des épreuves sont déjà terminées. Parmi les athlètes chinois, il n'y a qu'un nageur, Wu Chuanyu, qui réussit à prendre part aux compétitions en participant aux qualifications du lendemain pour le 100 mètres dos. Epuisé par le long voyage et le décalage horaire , Wu Chuanyu ne se classe que 5ème et est disqualifié pour le reste de la compétition. Il s’agit cependant du premier résultat olympique enregistré au nom de la République populaire de Chine.

C'est après les JO d’Helsinki que les athlètes chinois commencent à faire leurs preuves sur la scène sportive internationale. En 1956, l’haltérophile Chen Jingkai pulvérise ainsi l’ancien record du monde dans la catégorie poids coq.

Chen Jingkai, haltérophile, le premier Chinois à avoir établi un record du monde

Chen Jingkai : Ce n’est qu’un début.

Journaliste : Comment vous préparez-vous pour les 16ème JO?

Chen Jingkai : Je vais m’entraîner avec plus d’assiduité. J’espère améliorer mes résultats non seulement à l’épaulé-jeté, mais aussi au développé et à l’arraché, afin de faire honneur à ma patrie.

Bien que Chen Jingkai soit en mesure de remporter une médaille d’or olympique, la délégation chinoise annonce son retrait le jour de l'ouverture des JO de Melbourne 1956, parce que le CIO de l’époque insistait sur le concept de « Deux Chines ». Le 19 août 1958, le Comité olympique chinois publie une déclaration stipulant sa rupture avec le CIO. Les sports ne cessent cependant pas de se développer à travers toute la Chine.

En 1959, Rong Guotuan remporte la médaille d’or au simple messieurs à l’occasion du 25ème Championnat du monde de ping-pong, devenant ainsi le premier Chinois à être couronné champion du monde. Les pongistes chinois attirent dès lors l’attention du monde entier. A partir de cette époque, la Chine s’efforce non seulement d’élever son niveau sportif, mais elle utilise aussi le sport pour développer des relations amicales avec d’autres pays. Bien que pour des raisons historiques elle se trouve alors hors de la famille olympique, la Chine a toujours cherché à mettre en application l’esprit olympique.

Le 26 novembre 1979 le rétablissement du siège légal de la République populaire de Chine au sein du CIO est annoncé. Un an plus tard, les Jeux Olympiques d’hiver de Lake Placid sont le témoin du retour de la Chine dans l’arène olympique. Un nouveau chapitre dans l’histoire du sport chinois s'ouvre alors.

Il y a des gens que nous ne pourrons jamais oublier et il y a des instants dont nous nous souviendrons toujours. De 1984 à 2004, 20 ans s'écoulent en un clin d’oeil, mais de Los Angeles à Athènes, les souvenirs que les athlètes chinois ont gravés dans notre mémoire ne s’effaceront jamais.

Xu Haifeng,Symbole immuable de l'essor olympique de la Chine

Le 29 juillet 1984 à Los Angeles, Xu Haifeng participe au pistolet libre messieurs et réalise un total de 569 points, ce qui le place en tête. Les résultats ne sont pas encore annoncés, mais tout le monde sait déjà qu'il a remporté la médaille d'or. Les Chinois sur place sont fous de joie et certains se ruent sur Xu Haifeng pour l’embrasser. Monsieur Samaranch décerne la première médaille d’or olympique à la Chine. Il s’agit aussi de la première fois que l’Espagnol remet le prix à un champion olympique en sa qualité de président du CIO. A l’occasion de ces olympiades, la délégation chinoise remporte 15 médailles d’or au total, ce qui lui vaut de figurer à la 4ème place au palmarès. Les athlètes chinois ébranlent le monde par leurs incroyables performances.

Lors des Jeux Olympique d’Atlanta 1996, l’élève de Xu Haifeng, Li Duihong, remporte le 25 mètres pistolet dames. Xu Haifeng devient ainsi le premier champion olympique chinois à avoir formé à son tour un nouveau médaillé d’or olympique. Aux Jeux d’Athènes 2004, la Chine obtient 32 médailles d’or, faisant grimper le nombre de médailles d'or obtenues aux jeux d’été à 116. La même année, Xu Haifeng est nommé vice-directeur du centre de vélo et d’escrime de l’Administration d’Etat des Sports et est chargé principalement du pentathlon moderne. Après son entrée en fonction, la Chine fait des percées historiques dans cette discipline, en gagnant l’épreuve individuelle au Championnat du Monde de 2005 et l’épreuve par équipe lors de la Coupe du Monde de 2006. Il se pourrait bien que Xu Haifeng nous réserve de nouvelles surprises lors des JO de Beijing qui vont bientôt s'ouvrir.

Equipe chinoise féminine de volley-ball

L'opiniâtre perséverance d'une équipe

Aux Jeux Olympiques de Sydney en 2004, lors de la finale de volley-ball dames, l’équipe russe fait preuve d’une grande maîtrise et gagne les deux premiers sets. Bien qu’il soit une heure du matin, heure de Beijing, plus de 100 millions de Chinois veillent pour suivre le match à la télévision.

Le 3ème set commence. Les Chinoises jouent le tout pour le tout. Les attaques sont violentes, rapides. A la reprise, elles bloquent d’abord la seconde frappeuse Elizaveta Tichtchenko et puis Ekaterina Gamova qui, du haut de ses 2 mètres 04, est l’athlète la plus grande dans le milieu du volley-ball international. L’équipe chinoise finit par gagner le set par 25 à 20.

Lors du 4ème set, au moment critique où la Chine est en retard par 21 à 23, on entend quelqu’un crier le nom de Zhou Suhong à en perdre la voix. Et elle réussit son attaque! Puis, Fen Kun et Zhang Ting bloquent conjointement l’attaque de la Russie. L’entraîneur en chef de l’équipe russe, Nikolai Karpol, qui criait de temps en temps, devient muet. Et grâce à une attaque de Yang Hao, la Chine gagne le 4ème set par 25 à 23.

Succès ou échec, tout dépend du 5ème set. La Chine poursuit son jeu agressif.

La Chine bénéficie d'une balle de match. Et Zhang Yuehong marque le point. C’est un moment historique!

Ekaterina Gamova est tellement affligée qu’elle en pleure à chaude larmes. Parmi les Chinoises, qui elles versent des larmes de joie, se trouve l’entraîneuse assistante Lai Yawen. C’est elle qui apprécie à sa plus juste valeur ce titre de champion olympique. En effet, au cours des 10 ans où elle a été joueuse elle-même, l’équipe chinoise était toujours dans le creux de la vague et son meilleur résultat a été la médaille d’argent aux JO d’Atlanta. Lorsqu'elle a cessé de jouer, Lai Yawen est devenue entraîneuse assistante et décrocher la médaille d’or olympique était son rêve le plus cher pour lequel elle a même reporté son mariage à plusieurs reprises. Un rêve qui finalement se réalise !

Il s’agit de la deuxième fois que l’équipe chinoise est couronnée championne olympique. La première fois, c’était en 1984. De 1981 à 1986, elle a remporté 5 fois de suite le titre de championne du monde, devenant le symbole du développement du sport chinois. L’état d'esprit des volleyeuses chinoises a beaucoup encouragé la nation. En 2008, les chances pour l'équipe chinoise féminine de volley-ball de remporter une 3ème médaille d’or sont excellentes et nous souhaitons bonne chance à nos héroïnes!

Yao Ming,Une carrière internationale

Un numéro spécial du magazine américain Newsweek a été publié à la fin de l’année 2007. Yao Ming figure en couverture. Dans un article consacré à la Chine, le rédacteur écrit : «Pour les Américains, l’an 2008 se focalisera sur l’élection présidentielle, tandis que pour le monde, l'an 2008 se focalisera sur la Chine. Quand les Jeux Olympiques de Beijing s’ouvriront, la Chine entrera au centre de la scène internationale.» La raison qui explique pourquoi Yao Ming a été choisi pour figurer sur la couverture tient sans doute au simple fait que les Américains connaissent très bien l'athlète.

Yao Ming, t’es tellement grand. Tu viens de Beijing,en Chine. Yao Ming, Yao Ming, je pense que je t’aime, mais je veux le clamer haut et fort.

Au-delà du sport, Yao Ming se consacre aussi à promouvoir les Jeux Olympiques spéciaux, la lutte anti-sida, ainsi que la protection du requin et d'autres animaux sauvages. Son combat est important et en faisant connaître ses valeurs, il permet également à davantage d’Occidentaux de mieux percevoir la Chine.

Alors qu'au quotidien, il se bat pour la protection du requin, au sein de la NBA il a dû toutefois lutter contre un grand requin.

Lorsqu'il fait ses premiers pas en NBA, Yao Ming est en effet très timide, le contraire de Shaquille O'Neal, surnommé «Grand requin», en raison de son caractère violent. Lors de la première saison du Chinois, les deux basketteurs s'affrontent à deux reprises. Malgré des performances remarquables, Yao Ming reste dans une position désavantageuse. Au cours de ces deux rencontres, le Grand requin récolte en effet 35 points, alors que Yao Ming n’en marque que 8. Cependant, lors d’un match de la saison 2006-2007, Yao Ming signe 34 points et 14 rebonds, alors que Shaquille O'Neal n'en marque respectivement que 15 et 10. Grâce à ces performances, Yao Ming devient le premier centre de la NBA.

Lors de la saison 2007-2008, c'est la compétition qui oppose Yao Ming et Yi Jianlian qui focalise toute l'attention des supporteurs chinois. Le derby fascine non seulement 250 millions de téléspectateurs chinois mais il fait aussi naître des attentes envers l’avenir de l’équipe masculine chinoise de basket.

En 2000, Yao Ming se montre dans l’arène olympique pour la première fois. Il attire une grande attention et est considéré comme la plus grande découverte du basket international. Malheureusement, son équipe ne se classe que 10ème. 4 plus tard, Yao Ming est déjà l’incontournable pilier de l’équipe chinoise. Pour son premier match, la Chine affronte l’Espagne. A 4 minutes de la fin du match, Yao Ming se retire après avoir commis 5 fautes. Très fâché, il jette violemment sa serviette par terre, un geste qui stimule la combativité de ses coéquipiers. Ils remportent plus tard la victoire sur l’équipe de la Serbie et du Monténégro, se taillant ainsi une place parmi les 8 meilleures équipes des Jeux. Il est à souhaiter que les basketteurs chinois récolteront de brillants résultats aux JO de Beijing.

Liu Xiang,Une percée fulgurante

Voici le stade olympique de Lausanne. En 2002, Liu Xiang, âgé alors de 19 ans, y bat le record du monde junior du 110 mètres haies avec un temps de 13 secondes 12. Le milieu de l’athlétisme international salue la naissance d’un excellent athlète. Mais à ce moment-là, Liu Xiang lui-même, n’ose pas viser le premier rang mondial.

Spectateurs : Tu n’as que 19 ans et tu as certainement un bel avenir. Est-ce que tu as de plus grands objectifs, le titre de champion du monde ou la médaille d’or olympique, par exemple ?

Liu Xiang : Champion du monde ? Je n’ose pas l’imaginer. Pour un Asiatique, se classer parmi les 6 ou 8 meilleurs joueurs du monde, c'est déjà un espoir assez fou. C’est mon objectif pour le moment et avant de l’atteindre, je ne viserai pas autre chose.

Bien qu’ils ne se fassent pas d’illusions au sujet des titres de champions olympique ou du monde, Liu Xiang et son entraîneur sont intimement persuadés qu'un entraînement assidu est indispensable pour l’épanouissement personnel et, en toute logique, sa place au classement mondial ne cesse de s’élever au cours des deux années suivantes.

Aux Jeux Olympiques d’Athènes, avec 12 secondes 91, Liu Xiang bat le record olympique et égalise le record du monde.

Liu Xiang a fait un départ rapide. Il est en tête. Liu Xiang ! Liu Xiang ! Liu Xiang réussit ! Liu Xiang réussit ! Liu Xiang réécrit l’histoire !

Liu Xiang

Qui a dit que les Asiatiques ne peuvent pas occuper les 8 premières places de l’athlétisme olympique ? Aujourd’hui, je prouve au monde entier que c'est faux en devenant champion olympique. Je crois que les rêves se réaliseront et que d'autres miracles ponctueront ma carrière sportive.

Le 12 juillet 2006, à Lausanne toujours, lors du meeting Athletissima, Liu Xiang pulvérise le record du monde du 110 mètres haies avec le temps invraisemblable de 12"88.

En août 2007, aux Championnats du Monde d’Athlétisme d’Osaka, Liu Xiang est couronné champion avec 12 secondes 95. C’est la première fois qu’il remporte un championnat du monde et c’est également le premier titre de champion du monde de la Chine dans le domaine de l’athlétisme masculin. Ainsi, Liu Xiang se fait vainqueur du Grand Chelem.

Le starter donne le signal du départ. Liu Xiang se place 3ème. Il court à son propre rythme. Il accélère. Il réussit. Liu Xiang remporte le championnat du monde!

Liu Xiang

Je suis le seul à pouvoir me battre moi-même.

Liu Xiang: Perdre ou gagner, tout est très normal. Ce qui compte, c’est la capacité de saisir l’opportunité.

Journaliste : Et de Dayron Robles, qu'en pensez-vous?

Liu Xiang : Personne n'est invincible.

Il faut bien reconnaître que le Cubain Dayron Robles est très fort. Il a battu, en juin 2008, le record du monde du 110 mètres haies, ce qui n’inquiète pourtant pas Liu Xiang. Pour ce dernier, la victoire n’est pas difficile à remporter, il suffit qu’il se surpasse lui-même. Nous attendons donc une excellente performance de Liu Xiang aux Jeux Olympiques de Beijing!


Rédacteur: Baiyun