Réforme et ouverture : la Chine a connu de considérables transformations(INTERVIEW)

Source: Xinhua | 11-13-2008 16:25

Taille du texte: T+ | T-

La Chine a connu de considérables transformations depuis que le pays a adopté une politique de réformes et d'ouverture il y a trente ans, a affirmé le sinologue allemand Thomas Heberer, dans une interview écrite accordée à Xinhua.

M. Heberer, qui vivait en Chine lors du lancement des réforme et de l'ouverture, a indiqué que les transformations avaient eu lieu juste sous ses yeux et méritaient qu'il passe sa vie à les observer.

"La Chine est très complexe, en changement constant, et réserve toujours de nouvelles surprises. Pour une entité si complexe (économiquement, politiquement, socialement et culturellement), une recherche s'étalant sur une vie entière ne suffit pas", a-t-il remarqué.

Le sinologue et professeur des Politiques de l'Asie de l'Est à l'université de Duisbourg-Essen s'est rendu pour la première fois en Chine en 1975. Entre 1977 et 1981, il a travaillé à Beijing en tant qu'éditeur et traducteur pour l'édition allemande de l'hebdomadaire chinois Beijing Review.

Depuis lors, il passe environ deux ou trois mois en Chine par an principalement pour mener des recherches dans différentes régions du pays sur un éventail de sujets très large.

Ses études couvrent des thèmes tels que "Fonction de l'économie individuelle pour le marché du travail et l'économie urbaine en Chine", "L'urbanisation rurale et le changement social en Chine" et "La participation, la légitimité et la sécurité sociale en Chine".

La Chine, dans les années 70, était un pays très pauvre où il n'y avait presque rien à acheter. Beaucoup de denrées essentielles quotidiennes étaient rationnées. Les rares magasins qui existaient n'avaient pas non plus beaucoup à offrir. Même à Beijing, il y avait peu de restaurants, et tous étaient fermés à 19H00.

"Les restaurants étaient souvent bondés et il y avait presque toujours quelques personnes qui attendait derrière nos chaises, nous enjoignant de manger plus vite pour qu'il puissent prendre leur repas avant la fermeture", a rappelé le professeur.

Peu après l'application de la réforme rurale en 1979, l'approvisionnement en Chine s'est rapidement amélioré, a déclaré M. Heberer, ajoutant que des marchés ruraux, où les légumes et les fruits provenant d'autres parties du pays étaient en vente, étaient apparus. Des artisans et des marchands ambulants ont commencé à fournir des services.

Selon lui, la politique de réforme et de modernisation n'a pas seulement développé l'économie, mais a également enclenché un processus complet de changement social et politique.

Il a contesté l'affirmation récurrente selon laquelle la Chine serait devenue un pays plus libéralisé et moderne économiquement, mais pas politiquement.

"Ce point de vue ne néglige pas seulement le changement intervenu dans la sphère politique et dans les structures et institutions politiques, notamment le déclin de l'influence de l'idéologie et le renforcement du système judiciaire , mais également les discussions de plus en plus libres dans la société et au sein du Parti", a indiqué M. Heberer.

Bien sûr il y a le revers de la médaille. Le savant allemand a également cité de nombreux problèmes engendrés par la transformation rapide de la Chine et qui sont d'énormes défis pour les dirigeants de la Chine: le taux de chômage croissant, conséquence des réformes économiques structurelles, un système d'aide sociale qui reste insuffisant, la corruption, l'écart des revenus qui se creuse entre les différentes classes sociales et régions, la pollution de l'environnement...

En tant qu'expert de la Chine, M. Heberer croit que les gens doivent voir la Chine de manière plus équilibrée. Dans un article publié dans un journal allemand peu après les émeutes tibétaines, plus tôt cette année, il a observé que l'image de la Chine en Europe était une accumulation de préjugés, oscillant constamment entre la démonisation et l'idéalisation du pays.

Durant les mois qui ont précédé les Jeux Olympiques de Beijing, il a écrit pour contrer la diabolisation de la Chine, mais a également essayé d'aider la population locale à comprendre mieux la Chine.

"J'ai fait des efforts pour comprendre le plus profondément possible la Chine, pas seulement pour des objectifs académiques, mais également afin de pouvoir expliquer à d'autres populations la complexité de la Chine", a-t-il déclaré.

"Quand je note que les médias et l'opinion publique allemands ont incorrectement interprété le développement en Chine, comme ces derniers mois, je me sens obligé d'essayer de corriger la leçon. Je citerais Confucius: "Où on apprécie tout, il est nécessaire d'examiner. Où on critique tout, il est nécessaire d'examiner"", a souligné le professeur.


Rédacteur: Tao Ruogu